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Sa douzième élection fut la bonne

DISTRICT DE CONTHEY Vice-président de l’UDC et chef de campagne pour le parti, l’Orsérien Kevin Pellouchoud, désormais Contheysan, va pouvoir siéger pour la première fois après dix-sept ans de politique.

Par Vincent Fragnière / Photo Héloïse Maret / Le Nouvelliste

13 avril 2025

Kevin Pellouchoud aura attendu dix-sept ans et douze élections… pour être élu sur une liste UDC. En mars, il est devenu député suppléant pour le district de Conthey avec 1493 voix, quarante-quatre de plus que le premier non élu sur sa liste. «Je n’ai pas pu m’empêcher de lâcher une larme. Surtout quand j’ai vu que j’étais premier de ma liste sur Conthey, la commune où je me suis installé il y a quatre ans. »

Vice-président de l'UDCVr et chef de campagne pour la dixième fois, Kevin Pellouchoud savait que cette élection était un quitte ou double. «Si je n'étais pas passé, je n'aurais pas eu la motivation nécessaire pour rester vice-président. Je me serais mis en retrait.»

Grâce à la visite de Blocher à Hérémence

A 34 ans, cet Orsérien, enseignant à l'école primaire de Platta à Sion depuis dix ans, a passé la moitié de sa vie dans la politique à l'UDC. «Mes parents n'étaient pas du tout politisés. Mais j'ai toujours été de droite et intéressé à la chose publique. Quand j'étais interne au collège des Creusets, mon surveillant d'étude était le député UDC Eric Jacquod. Il m'a proposé de venir assister à la visite de Christophe Blocher à Hérémence.» C'était lors de la campagne des fédérales de 2007. Quelques mois plus tard, l'élu zurichois se faisait éjecter du Conseil fédéral et Kevin Pellouchoud adhérait à l'UDC. «Ma première campagne, je l'ai faite en 2011 comme porteur d'eau sur la liste jeunes pour les fédérales.» Et la première où il avait vraiment l'intention d'être élu date de 2013, pour les élections cantonales avec la volonté de décrocher un premier siège UDC dans l'Entremont. «On aura dû attendre douze ans pour l'avoir. Il fait partie des quatre nouveaux sièges obtenus cette année.»

Trop anti-PDC pour l'Entremont?

Mais l'Entremont laissera un goût un peu amer à Kevin Pellouchoud. «Au moment de la constituante, on m'a fait comprendre que je m'attaquais trop souvent au PDC pour avoir une chance d'être élu UDC. Pourtant, je cherchais simplement à ne pas dire «oui amen» à tout. Comme d'autres, mais qui n'osaient pas s'exprimer en public.» Kevin Pellouchoud fait une pige dans le district de Sion pour l'élection à la constituante. En vain. Même échec, mais cette fois à Conthey pour le Grand Conseil en 2021. «C'était peut-être le moment le plus douloureux. Bien sûr, je venais de débarquer à Conthey. Mais lorsqu'on s'investit tous les soirs comme coordinateur cantonal et que, à la fin, on se fait dépasser de 30, 40 ou 60 voix par des gens qui se lancent pour la première fois en politique, c'est parfois difficile à accepter. Mais c'est le jeu démocratique.»

Son plus grand échec, la non-réélection de Freysinger

Son plus grand échec restera la non-réélection d'Oskar freysinger au gouvernement en 2017. «Comme coordinateur de campagne, je l'ai pris pour moi. Ça m'a marqué.» Aujourd'hui, il reconnaît que la stratégie n'était pas la bonne. «On a fantasmé sur la création d'un pool conservateur autour d'Oskar au gouvernement et on s'est brûlé les ailes.» Depuis, Kevin Pellouchoud est plus prudent. Il a même obtenu une certaine liberté depuis 2021, lorsque son poste de coordinateur a été mis au concours, mais que personne n'a été trouvé. «Certains qui ont postulé demandaient entre 10’000 et 15’000 francs par année. Ils n'avaient rien compris. Coordonner une campagne, c'est servir le parti bénévolement.»

Le spleen d'après campagne trop sous-estimé

L'Orsérien accepte de rempiler, mais à ses conditions. «Je ne voulais plus qu'on soit dans la provocation systématique et je voulais aussi apporter plus d'humanité dans le parti.» Après la campagne, il invitera tous les candidates et candidats pour les remercier. A chaque non-élu, il lance un coup de fil pour débriefer, lui qui a connu ce scénario une dizaine de fois. «On sous-estime beaucoup trop le spleen d'après campagne qui est parfois dur à gérer. Si on veut avoir des candidats qui reviennent, il ne faut pas s'occuper d'eux que durant la campagne.»

Avec son pote enseignant PLR Raphaël Bornet

Désormais, Kevin Pellouchoud s'occupera d'abord de lui et de son mandat de suppléant. «Député, je sais que je n’aurais eu aucune chance d’être élu avec Mathias Delaloye et Damien Fumeaux comme candidats.» Parmi ses priorités, il veut mettre plus l'accent sur la lutte contre le harcèlement scolaire. «Il y a beaucoup d'effets d'annonce dans ce domaine, mais pas assez de réalisations.» Ce matin, il prêtera serment au Parlement... dix-sept ans après ses débuts à l'UDC.

Aux côtés des élus de son groupe, mais aussi de son pote enseignant à Platta, le PLR Raphaël Bornet, lui aussi élu suppléant pour la première fois. De quoi alimenter les sujets de discussion à l'heure de midi au petit restaurant de Platta. «Il y a longtemps qu'on débat de politique», sourit celui qui aura passé la moitié de sa vie à faire de la politique sans mandat.

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